Allez, salut la belle ou l'histoire de Bella Ciao !
Le samedi c'est le jour de l'histoire d'une chanson. Aujourd'hui, une qui me met les poils (comme on dit dans la critique musicale branchée) : Bella Ciao.
L'histoire est connue : c'était une chanson de protestation des journalières des champs de riz d'Italie du Nord (les mondine) avant de devenir une chanson anti-fasciste. Oui mais pas que.
La tradition veut que lorsqu'on parle des "mondine", ces "désherbeuses" et piqueuses surexploitées dans les champs de riz italiens, on cite évidemment le film "Riso amaro" "Riz amer" en français… Eh bien, je ne dérogerai pas à la règle tant ce film m'a marqué, autant sur la lutte des classes qu'au niveau libido !
Aaahh, les cuisses des belles dans l'eau… Leurs popotins se déhanchant en cadence ! Aaahh, Sylvana Mangano et son corsage digne de l'aérodynamique des B52 ! Aaahh, le beau Vittorio Gassman, ses œillades et son chapeau de travers !
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Rappelons quand même que ce fut le premier film diffusé en France en 1961 avec le fameux carré blanc ! Oui oui !
Rappelons itou que "Bella Ciao" n'est pas présente dans les nombreuses chansons du film. Chansons de travail pour marquer la cadence du désherbage, chansons pour protester au nez et à la barbe des surveillants... et puis le fameux balloche autour du phonographe !
Un petit pas de danse...
Bon, revenons à notre chanson.
L'air original viendrait, selon certains mais pas tous, d'une chanson Yiddish/Klezmer du fin fond de l'Ukraine parlant d'un "petit sac de charbon" : "Dus Zekele Koilen".
En voici l'interprétation par Mishka Ziganoff, un Juif émigré aux USA, peut-être pour fuir les pogroms en 1919, qui fut le premier à l'enregistrer.
Un petit air entraînant, un peu jazzy, qui aurait fait le voyage retour USA/Europe dans les bagages d'un Italien. J'ai eu beau chercher une traduction… rien trouvé, si quelqu'un parmi vous parle le Yiddish ukrainien, je peux lui filer les paroles...
La chanson des travailleuses parle évidemment de leurs conditions difficiles : le réveil matinal, les moustiques, le chef avec son bâton… et le jour prochain où elles travailleront en liberté. Il existe plusieurs versions mais le fond reste le même.
Celle des partisans raconte l'arrivée de l'envahisseur de bon matin et la mort d'un partisan qui sera enterré sur la montagne à l'ombre d'une fleur ! Révolution et poésie se marient souvent bien.
Contrairement à ce que l'on peut penser, la version partisane n'est pas chantée pendant la guerre antifasciste ou seulement par quelques groupes. Le vrai chant protestataire de l'époque se nomme "Fischia il vento".
Issue, elle, du folklore russe !
L'air vous dit quelque chose non ?
Mais cette chanson était un peu trop communiste et quelques années plus tard, c'est vers Bella Ciao, plus « neutre » et pouvant être chantée à toutes les sauces, que les antifascistes donneront leurs voix.
Paroles assez simples, refrain facile à chanter, air entraînant... elle deviendra LA chanson de tous les résistants.
Et prendra, petit à petit, la place dans l'histoire de "Fischia il vento".
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En voici maintenant quelques exemples :
Version Bregovic
Version chinoise
Version ska allemand
Version bretonne avec les Bérus en guest star.
Version biterroise
Et version Tonino Carotone qui chante... "Manu Chao" !
À bientôt !