Faut-il lire..."L'homme qui a vu l'homme" de Marin Ledun ?
Bon alors, c'est l'histoire d'un journaliste fan de "Guns N'Roses"... Si si ça existe ! Ne rigolez pas... Je ne sais pas si l'auteur est lui aussi un fan mais cela ne doit pas ternir son incomparable talent !
Car c'est surtout un sacré bon bouquin !
L'action se passe au Pays Basque...
Aaaaah le Pays basque : ces plages, ces vagues, ces montagnes, ces piquillos rellenos, son txakoli, son pulpo à la plancha...
"Tout serait idéal au Pays basque sans les Basques..." ai-je souvent entendu dire en Gascogne et ailleurs. Oui mais bon ils sont quand même chez eux, non ?
Et, à la lecture de ce livre, on comprend mieux les slogans et affiches bizarres sur les murs, les manifestations qui se déroulent parfois, bloquant nos voitures en route pour les cidreries et tout ce truc étrange qui se passe en marge de la "vie normale" d'une région touristique (il faudra quand même un jour qu'on dise aux gens que les 3/4 voire 9/10eme des zones touristiques posent souvent de gros problèmes démocratiques !)
Bon, revenons à Iban Urtiz, pauvre journaliste localier ayant des attaches plus que lointaines avec le Pays Basque, confronté aux réalités de la profession : couvrir les conséquences de la tempête Klaus en 1999. C'est-à-dire le degré zéro du journalisme : micro-trottoir, mini-interview... Il se retrouve par hasard à une conférence de presse : une famille cherche un des siens, disparu depuis trop de jours.
Un doux frisson parcourt la colonne vertébrale de notre journaliste : et si je sortais un peu de mes rubriques "chiens écrasés", car ça m'a l'air louche tout cela, non ? On l'avait déjà gentillement écarté d'une investigation sur des déchets nucléaires fantômes...
Et petit à petit il découvrira l'envers du décor : une guerre silencieuse qui mine la région depuis trop longtemps.
Directement inspiré de l'affaire Jon Anza, ce livre remet sous les projecteurs cette violence silencieuse, ce conflit larvé dans lequel la frontière entre bons et méchants est plus que floue. Mais aussi (et surtout ?) les problèmes des journalistes voulant faire éclater des vérités que personne ne veut entendre.
Marin Ledun dévoile donc un coin de l'histoire française, toujours occultée, avec un talent d'écriture indéniable (même l'inévitable histoire d'amour est loin d'être gnan-gan) : un travail solidement documenté et un équilibre bien trouvé entre vérité historique et fiction, tout cela au service d'un thriller haletant.
Alors oui, il faut lire "L'homme qui a vu l'homme", même sans aimer Guns N'Roses !
Moi, je vais de ce pas lire ses autres bouquins !