Pour une interdiction des 4eme de couv' trop précises… Et une flagellation publique à mort de leurs auteurs !

Publié le par Tekitizy

Avant, lors de l'achat d'un bouquin, on allait voir son libraire préféré.
Comme un bon caviste il connaissait nos goûts, notre budget, le volume de notre «consommation» mais n'hésitait pas à nous proposer des crus un peu particuliers, à nous faire découvrir d'autres univers...

Oui mais voilà. Des bouquinistes, libraires, il n'y en a plus trop.

Alors le quidam achète en ligne ou sur les rayons d'un super marché (brrrrr… quelle horreur…).

Et du coup comment on fait pour l'appâter le quidam hein ?

Et ben on lui concocte une bonne 4eme de couverture lui décrivant ce qu'il va trouver dans le bouquin. Une description qui de plus en plus frise le grand n'importe quoi… Tout juste si on ne vous dit pas que c'est le concierge le tueur à la fin !

Mais il faut bien compenser le manque de conseils que fournissait avant le libraire.

Moi, j'ai de la chance, je connais très bien ma bibliothécaire. Tellement bien qu'on a fait 4 enfants ensemble. Et je connais très bien mon libraire (modeste employé mais génial d'une Maison de la Presse ! Ben oui !) Pas d'enfants pour l'instant en vue…

Alors du coup, ça fait des lustres que je ne lis plus les 4eme de couv'… Sauf quand je veux faire un cadeau ou me trouve loin des deux professionnels efficaces susmentionnés.

Et là, j'hallucine.
Où est le plaisir de lire un livre, de découvrir un univers si on vous dit tout en 4 secondes de lecture ? Je me suis donc rendu compte qu'il y a certains livres que je n'aurais carrément pas lu si j'avais jeté un œil sur cette dernière et ultime page.

À l'heure où beaucoup craignent de se faire « spoiler » sur le prochain épisode de sa série TV américaine préférée (oui alors « to spoil » = gâcher, c'est juste un mot ricain pour dire qu'on vous gâche le plaisir en vous racontant, par exemple comment fini Lost - au fait, c'est bien le concierge qui est l'assassin. Ah mince… Bref, on vous spolie, ici en français dans le texte, du suspens), peu de gens s'indigne de cette ignominie, de ce pré-mâchage inapproprié.

Alors haro sur les maisons d'édition qui, plutôt que de nous titiller l'imaginaire, nous «spoile» (j'adore ce mot dit en français : spoil !) comme des gros nazes.


Prenez certaines 4eme de couv bien foutues :

Ici une de la Série Noire, les vieilles, où l'on faisait baver les lecteurs souvent juste avec un extrait bien choisi :

« Je lus la lettre du suicidé à sa femme : « Mon adorable épouse. Tu es une ignoble traînée. J'ai trouvé ma meilleure vengeance. Je me suicide, mais c'est toi qui m'a tué. Je te laisse ma fortune. Nous verrons bien combien de temps tu tiendras le coup. Tu deviendras vite une vielle femme laide et torturée par sa conscience. Pour cela s'il le faut je te hanterai. Amuse-toi bien. »

« Arêtes de grenouille » Henry Kane (pris complètement au hasard dans ma bibliothèque)

Ou alors avec une citation courte :

« En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples. « Le prince » de Machiavel est le livre des Républicains » Rousseau. (Livre de poche classique 1972)

Ça déchire non comme 4eme ? Bon, il faut déjà avoir un certain pedigree c'est sûr ! (tiens, au passage, sais tu que pedigree vient de "pied de grue" ? Non ? Ben si.)

Mais certains auteurs ont un pedigree et leurs éditeurs n'en profitent même pas. Prenez Umberto Eco, pas besoin de le présenter...

J'allais acheter son dernier roman lorsque, dans un geste inconsidéré, je retourne le livre et PAF je tombe sur quelques mots, bien évidemment écrits en italiques et en gras.

Quelques mots, pas plus :

Ici je suis censé mettre une bannière « attention spoiler » mais bon, je m'en tape…

« Protocoles » « Sages » « Sion »...

Eet voilà, spoilé à fond et je me rends compte en lisant le livre qu'on parle effectivement de ce faux document (voir sur internet si vous connaissez pas, moi je connaissais malheureusement !) aux trois quarts du livre !
Bon d'accord, petit à petit, on se doute où nous mène l'auteur mais, merde, j'aurais bien aimé avoir la surprise !

Allez un autre exemple, dans un autre style : le 4éme tome, je crois, du « Guide du Routard Galactique » que je ne retrouve pas dans mon bureau quand même super bien rangé… Bizarre, mais bon. Vous le croyez ou non mais on vous raconte directement TOUT le livre y compris la fin !?!?!

N'importe quoi ! Et je suis sûr que vous avez tous été confronté à ça.

Cette horreur est souvent commise par les éditeurs de livre de Poche, ces ré-éditons format léger pour les pauvres… Comme si on était trop cons pour acheter un bouquin sans en connaître l'intrigue du moment qu'on a pas la thune pour acheter l'édition originale.

Moralité : tout addict aux belles lettres, comme les « amateurs » de vin, se doivent de chercher le bon conseil auprès d'un bon libraire, d'un(e) ami(e) compétente… ou se marier avec une « bonne » bibliothécaire.

Ou éventuellement écumer la blogosphère et trouver de bonnes critiques qui n'en disent pas trop non plus !

Quant à vous, éditeurs à la main lourde, je vous conchie !

Publié dans Bouquins

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